Sur les photos, Rudy Ricciotti prend souvent des airs attendrissants d’adolescent attardé. On le sent comme en attente d’une récompense imméritée, volée aux tenanciers du bon goût. Son visage ose l’ébouriffade hors d’âge (60 ans), la mélancolie émerveillée, le désarroi tendre du minot incompris qui, d’un regard mouillé, adore faire vibrer la corde sensible.
A l’approche, l’architecte affirme une matérialité plus incarnée. L’auteur du Mucem à Marseille, du musée Cocteau à Menton, du Pavillon Noir d’Aix-en-Provence et du Stadium de Vitrolles, est grand, sec, et fume le cigarillo à pleines volutes. Si l’on devait comparer, ça donnerait un mixte entre deux bêtes de scène, Higelin et Cali, pour la chevelure en haute voltige et les gestes amples de troubadour dopé à l’exaltation.
C'est quand Ricciotti commence à parler que la perplexité gagne. Il empoigne à grandes brassées la plus petite interrogation, ferraille en Don Quichotte, armé d'un vocabulaire caracolant qu'il double d'une mauvaise foi régalante. Façon Daniel Herrero, le rugbyman au verbe haut, il tutoie sans réserve, aime que ça rie et que ça crie, engueule et embrasse, parle dru et cru parce qu'il est un théoricien sujet à exaspérations et un Sudiste suspect d'exagérations. Il époustoufle d'une culture bien à lui et énerve quand il multiplie les nostalgies autobloquantes. Toujours, il y a cet accent qui truffe son discours, en plombe le sérieux sans qu'il n'y soit pour rien et mine les soubassements du propos pour les ore