Au commencement, il n'y avait rien. Puis il y eut de la lumière. Disons plutôt une sorte de faisceau anarchique balayant la scène du Phénix, scène nationale de Valenciennes, plongée dans la pénombre. Des projecteurs erratiques s'allument devant, puis derrière, et un gobo moche se promène sur le mur, à croire que le mec de la régie a forcé sur les psychotropes.
Germinal, tentative à la fois follement ambitieuse et totalement dérisoire de créer un monde ex nihilo depuis la boîte noire du théâtre, tient cependant moins du Livre de la Genèse que de la devise des Shadoks selon laquelle «au début, il n'y avait rien. Enfin, ni plus ni moins de rien qu'ailleurs». Une autre source secrète de ce spectacle de Halory Goerger et Antoine Defoort, artistes associés au Phénix, pourrait être le jeu vidéo de stratégie Civilization, où le joueur doit mener une civilisation de l'âge de pierre à la conquête spatiale, sauf que ça se passerait sur les planches d'un théâtre, sans objectif fixé à l'avance, et en une heure quinze chrono.
Posons donc quatre personnes sur un plateau nu, laissons-les se débrouiller dans cet univers clos et voyons ce qui émerge. Trois gars et une fille font mumuse avec des tables de mixage et découvrent les conséquences de leurs actes. En triturant les boutons, ils réalisent qu'ils sont capables de télépathie, leurs pensées s'affichant sur les panneaux de surtitrage faço