Il est 20 heures au Parco della Musica de Rome. Pour la troisième soirée consécutive, Denis Matsuev est le soliste invité de l'orchestre de la Santa Cecilia de Rome afin d'interpréter le Concerto n°1 de Tchaïkovski. Il entre avec l'assurance de Terminator s'apprêtant à broyer une voiture à mains nues, s'installe au piano et tétanise le public. Qu'il assène les octaves du premier mouvement ou virevolte sur les touches à un train d'enfer, il n'est jamais couvert par l'orchestre. Si l'on craint de voir le clavier voler en éclats, Matsuev trouve également la sonorité la plus ronde et chaleureuse pour traduire les intermittences du cœur du compositeur.
Swing. De fait, c'est sa capacité à passer en souplesse d'un registre à l'autre, tout en offrant des interprétations rigoureusement articulées, qui nous conquit lorsque nous le présentâmes en 2007 dans ces colonnes. Depuis son renversant Tribute to Horowitz, Matsuev a notamment livré sa vision des concertos de Rachmaninov et Chostakovitch sous la baguette de chefs majeurs comme Yuri Temirkanov et Valery Gergiev.
Cette saison, il publie, un CD couplant le Concerto n°2 de Rachmaninov et la Rhapsody in Blue de Gershwin, enregistré avec Alan Gilbert et le New York Philharmonic. S'il déploie une précision rythmique et un sens du swing qui font merveille dans Rachmaninov, sa tendance à creuser les dynamiques avec une brutalité d'avant-centre ruine, hélas, la poésie k