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Libération
TRIBUNE

On achève bien les librairies

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par Didier Pobel, Ecrivain et journaliste
publié le 15 avril 2013 à 19h06

C’est quoi un livre ? C’est un drôle de truc qui, lorsqu’il est ouvert, ressemble à un oiseau. Un objet magique que l’on épluche comme un fruit, que l’on palpe, que l’on garde précautionneusement sur sa table de nuit ou que l’on se repasse de main en main. Un livre, c’est un miracle. Voilà à quoi je songeais, sans doute un peu naïvement, au cours du dernier week-end à Grenoble. Après de longs mois d’hiver, la foule était sortie pour célébrer la onzième édition d’un Printemps du livre qui avait eu la délicatesse de s’accorder au coup d’envoi météorologique de la saison dont il s’inspire.

Soleil. Rencontres. Dédicaces. Débats. Les fervents se bousculaient, les auteurs signaient, la fête était réussie dans cette «capitale des Alpes» où la dynamique culturelle n’est pas un vain mot et où le réseau de lecture est l’un des plus riches et des plus efficaces de France.

Et pourtant, à deux pas du chapiteau dressé dans le Jardin de ville, le cœur n’y était plus. Au 23, Grande-Rue, devant la librairie Arthaud, surmontée d’un calicot clamant «Non à la fermeture», on brandissait des pétitions pour le maintien de cette institution plus que centenaire. Un véritable maillon de patrimoine local né de férus de montagne, d’aventures, de navigation et d’édition. Et les passants se répétaient la funeste rumeur comme on murmure le nom d’un mal incurable frappant une personne qu’on aime. «Quoi ? Arthaud va fermer ? Non, pas eux !»

La raison avancée, on la connaît. ChaPitre.com, filiale du groupe de d