C’est lors de l’un de ses passages à Paris, fin 1984, que l’on avait rencontré Keith Haring. L’artiste venait de New York pour préparer l’exposition «5/5 Figuration Libre France/USA», qui allait se tenir jusqu’au 17 février 1985 dans les salles de l’ARC, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Proposée par les critiques d’art Otto Hahn et Hervé Perdriolle, elle confrontait cinq artistes français du mouvement de la figuration libre (Boisrond, Blanchard, Combas, Di Rosa et Jammes) à cinq Américains liés au graffiti (Basquiat, Crash, Kwong Chi, Haring et Scharf). Ce 21 décembre 1984, dans l’après-midi, Keith Haring avait donné rendez-vous dans le salon d’un hôtel de la rue de Seine où il était descendu. Comme à son habitude, il s’était montré disponible, chaleureux, loquace. Avec ses petits cheveux frisés, ses lunettes et son air enfantin, il semblait sortir lui-même d’une bande dessinée. Extraits de la rencontre.
Pourquoi avez-vous peint dans le métro ?
Quand j’ai commencé à peindre dans le métro, je peignais déjà depuis longtemps, et sérieusement depuis l’âge de 17 ans. Le métro n’a pas été une alternative mais un autre endroit, immédiat et accessible à tous. Au lieu d’aller dans un musée, une galerie ou tout autre lieu spécialisé, les gens peuvent voir de l’art, là, sous leurs yeux, tout en se déplaçant ou se baladant. Et comme les dessins sont simples, tout le monde peut les comprendre et avoir une réaction. Et même si ce n’est pas nécessairement appelé art, ça n’est pas vraiment important.
Avez-vous, à un moment donné, utilisé le graffiti comme démarche revendicatrice ?
Un graffiti, c’est,