Photo Rodolphe Escher pour «Libération»
Un jour, Julie Maroh a fait du bleu, une couleur chaude. Ses premiers crayonnés ont débuté l'été de ses 19 ans, elle en a 28 aujourd'hui. En ce temps-là, elle colore de bleu les cheveux de son amoureuse, passe au tamis des doutes et des ressentis, les premiers tremblements nés d'une attirance à la force de foudre entre deux élèves, deux êtres, deux âmes, deux cœurs, deux corps, deux jeunes femmes. «Le basculement est lié à un secret confié, révélé à tout un lycée. Ce bruit s'est répandu dans mon dos, j'ai tenté de me raisonner. J'avais peur du jugement des autres et puis, j'ai devancé les piques, à l'arme blanche de l'autodérision.» Ce récit est le sien, elle y décrit son amour«par bribes» et romance le reste.
Elle adresse ses premières planches à la filiale belge de Glénat en 2008. Paul Herman, son éditeur de l'époque, se souvient du coup de cœur : «De cette histoire d'amour hors norme, j'ai d'abord retenu la puissance, la naïveté, l'innocence, les questionnements d'une jeune adulte en construction. Julie est une personne très attachante, très timide qui craignait de faire la promo de sa BD sur les plateaux télés. Elle ne s'envisageait pas comme figure de proue de l'homosexualité féminine. Elle l'est devenue malgré elle. Ce Bleu la poursuit et la rattrape. Julie est dans l'après, consciente d'être attendue au tournant du deuxième album.»
Le Bleu est une couleur chaude se vend à 50 000 exemplaires, Fran