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Libération

Vive le crisedi, jour ouvré dédié à la crise !

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par François Garde
publié le 7 juin 2013 à 21h21

Samedi

Alpagistes estimables

Le lac d’Annecy, fouetté par les rafales et disparaissant dans la brume, semble glisser vers l’Ecosse ou les Kerguelen. Parmi les bourrasques, la Fête du livre de Talloires permet de belles rencontres. En discutant avec un responsable agricole de la Haute-Savoie, j’apprends un aspect méconnu de ce temps humide et froid qui nous tient lieu de printemps. La neige tarde à partir des hauteurs, les alpages sont inaccessibles, et les bêtes restent en bas, où l’herbe, faute de soleil, est encore pauvre et rase. Les stocks de fourrage sont au plus bas. Il évalue à un mois le retard dans la montée des troupeaux, voire plus pour les pentes mal exposées.

Le retour du soleil est annoncé, mais là-haut le temps perdu ne se rattrape pas. D’autres corporations non moins estimables sont affectées par la pluie et le froid. Mais je tenais à saluer les alpagistes et les agriculteurs de montagne.

Dimanche

Printemps irrecevable

Istanbul s’enflamme, et les chroniqueurs dissertent, tentés par un paresseux rapprochement avec ce qu’il est convenu d’appeler le printemps arabe. Ils oublient non seulement que les Turcs ne sont pas des Arabes, mais surtout que les autorités en place à Ankara ont une légitimité démocratique incontestable - tout comme sont incontestables les succès économiques et diplomatiques d’Erdogan.

Toute comparaison avec les dictateurs de Tunis, du Caire ou de Tripoli est donc irrecevable. Nous, Français, conservons sans doute, de 1830 à 1968, ce mythe adolescent d’une jeunesse rebelle qui descend dans la rue pour fa