Il ne faut pas se poser de questions, prendre sous le bras la mémé, votre chéri(e), un petit-neveu (à partir de 15 ans)… tout ce qui vous traîne sous la main et aller voir ce Fred Pellerin. Tout, sauf ceux qui sont bien sûr cliniquement allergique à l’accent québécois. Car c’est un conteur venu du Canada. On entend déjà les bâillements d’ennui. Ça ne sent pas un peu la bûche du coin du feu, la guitare sèche et les grands lacs ? Sans compter qu’en tombant sur sa photo, on peut se dire, comme tout le monde, qu’avec sa jolie gueule rehaussée de petites lunettes rondes, ce garçon (36 ans quand même) a un côté vieux jeune scout recyclé. Un peu prêchi-prêcha, ce Fred Pellerin ? Non, juste d’un autre temps. D’un autre monde. Comme sorti des brumes d’une faille spatiotemporelle, où le conte serait simplement une magnifique occasion de se marrer. Et de sortir, enfin, l’humour de son fatigant réflexe à traquer les petits travers de nos sociétés contemporaines déboussolées.
Pour se faire une idée, voici (en très raccourci) l'histoire de son cinquième spectacle, De peigne et de misère : Méo est le barbier du village québécois de Saint-Elie-de-Caxton. Il est devenu, au fil du temps, expert en «capillarité générale», qui «tint chignon sur rue principale pendant de nombreuses années et qui marqua l'histoire de son fer à friser». «Maître dans l'art du sarclage, habile à trier les cheveux blancs et les idées noires.» Méo coiffe tout ce que le hameau compte