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Rebelles ou sacrificiels… le sociologue Michel Messu s’amuse à couper les cheveux en quatre.
publié le 21 juin 2013 à 19h06

«De ce point de vue, le cheveu illustre parfaitement la sentence durkheimienne selon laquelle nous avons tendance à aimer ce qui nous contraint, à nous soumettre à ce qui s'impose à nous avec la force de l'évidence, la puissance de l'allant de soi.» Waaaou. Durkheim et les tifs, on n'y aurait pas pensé, mais maintenant que le Michel Messu le dit, ça paraît évident : «Dire le cheveu, c'est déjà énoncer ce qu'en dit le social, la manière dont celui-ci va le contraindre à être ceci ou cela : être un homme ou une femme, un puissant ou un faible, un Italien ou un Français sous Louis XIII […], un conformiste ou un rebelle de tout temps.»

Voilà, c'est dit, le cheveu a son sociologue et ethnologue, chercheur au CNRS, enseignant à la fac de Nantes. Prof de cheveux ? Non, ça, c'est coiffeur titulaire, l'ethnologue s'est borné (si l'on ose dire, car l'ouvrage est fouillé comme les cheveux du petit avec un peigne à poux) à aller enquêter dans les salons de coiffure du monde entier, à fouiner sur les gestes quotidiens et les rituels avec lesquels nous entretenons notre patrimoine capillaire, à en raconter l'histoire (du cheveu), à en torturer la symbolique, dans ce passionnant Un ethnologue chez le coiffeur. Comme on lirait Mon coiffeur chez les indigènes, tant l'ouvrage se dévore comme un récit de voyage plutôt marrant sur certains chapitres, à l'image de ceux sur la vie dans les salons, le métier de coiffeur, ce qu'on vient y chercher…

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