Dans les quartiers Nord de Marseille, le théâtre Toursky est un lieu à part, pas vraiment beau mais plein de vie. Un îlot de résistance poétique où Léo Ferré chanta souvent, par solidarité quand le théâtre était menacé, par amitié pour son fondateur, Richard Martin, à la barre du navire depuis 1970. Le Toursky, situé impasse Léo-Ferré et qui publie les Cahiers Léo-Ferré, était donc le lieu idéal pour célébrer les 20 ans de la mort du chanteur-poète.
Duduk. Dimanche soir, la fête nationale avait un goût de révolte et de vin rouge dans le quartier Saint-Mauront. Pendant trois heures, dans une salle de 700 places comble (un écran retransmettait le spectacle à l'extérieur), des artistes ont chanté, récité, déclamé, dansé ou joué Ferré. Dans toute sa complexité, ses contradictions et ses excès. Le maître des lieux a occupé la scène avec trois de ces soliloques, où Léo Ferré vitupérait pêle-mêle l'Eglise, l'ordre bourgeois, la peinture abstraite ou la conquête spatiale. Ces diatribes au vomi lyrique ne sont pas ce qu'on préfère de l'œuvre. Michael Lonsdale et Rufus ont choisi des textes moins sentencieux, quand Michel Bouquet lisait avec gourmandise deux lettres vachardes adressées à un éditeur et à un critique . Philippe Caubère, lui, a déclamé l'esprit faubourien des débuts de Ferré, avec deux chansons parlées-chantées de Jean-Roger Caussimon.
Même constat pour la partie musicale : si un peu moins d'emphase eût convenu à l'Affiche