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Libération
Critique

Les réseaux de la colère

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Avignon. Avec «Rausch», Falk Richter et Anouk Van Dijk offrent une critique virulente de Facebook et consorts.
publié le 17 juillet 2013 à 20h23

L'ivresse à laquelle renvoie le titre du spectacle de Falk Richter et Anouk Van Dijk n'a pas grand-chose à voir avec l'alcool. Mais plutôt avec l'élan de la jeunesse. Rausch est un Sacre du printemps qui tient de la cérémonie sauvage autant que de la manif et mêle inextricablement théâtre et danse. Il y est question de chaos et d'utopie, d'amour et de gueule de bois, d'économie politique et de crash individuel.

Rageurs. Les douze protagonistes courent, sautent, tombent, tremblent, se battent, s'épuisent, s'étreignent et se haïssent à deux, se regroupent sur un radeau de naufragés, dressent des barricades qui s'écroulent. Inapaisés, ils sont des figures de douleur de 20 ans que la fluidité balaye. Sur l'amour, le couple, la crise économique ou la politique, le texte de Richer a des accents rageurs. Et les gestes sur le plateau sont souvent d'une grande violence. La chorégraphe néerlandaise Anouk Van Dijk est adepte d'une technique qu'elle a développée sous le nom de «contretechnique» et qu'elle résume ainsi : «L'interprète exécute, pour chaque mouvement qu'il fait sur le plateau, un mouvement contraire.»

Paradoxe et réussite, Rausch est pourtant un spectacle harmonieux, parfaite démonstration d'énergie maîtrisée. Qui enfonce un certain nombre de clous sur le monde d'aujourd'hui et passe sans cesse de l'intime au collectif. De Richter, les spectateurs d'Avignon ont déjà pu découvrir plusieurs pièces, vi