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Libération

Hamilton, l’ombre des jeunes filles écœure

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publié le 18 juillet 2013 à 19h06

Qu’a-t-on fait de nos cartes postales, posters, calendriers, papier à lettres, et peut-être même cartable David Hamilton ?L’enquête de terrain fait chou blanc. Les passants ont bien un souvenir délavé des couleurs déteintes de ses photos. Mais c’est tout. Où se sont donc volatilisés les milliards d’acheteurs de cartes postales, et les cent mille personnes qui se précipitaient sur chaque livre de Guy des Cars ?

Sur Internet, les photos sont bien là, mais le regard décroche. Le flou est un supplice, on n'en peut plus de la dentelle, des jeunes filles blêmes qui s'embrassent sur la bouche, des poses vaporeuses, des routes de campagne, et de la mer, on pourrait donner toute la mer pour éviter un cliché, le paroxysme étant atteint quand une musique de Francis Lai (Bilitis) agrémente le diaporama. Là, on pleure. Que s'est-il passé pour que ces images soient insoutenables ? Doit-on mettre l'épreuve sur le compte d'un puritanisme collectif ? Ou d'une évolution de notre jugement esthétique ?

«Il n'y a rien qui brutalise l'œil chez David Hamilton, s'étonne le photographe Benoît Peverelli. Chez lui, il y a encore des filtres, une médiation, une lumière diffuse. Tout se passe comme si on reprochait à Hamilton d'entacher son fantasme de romantisme.» Les éditions de la Martinière ont fait paraître en 2007 une monographie. L'éditrice se souvient que chaque image, «pourtant largement diffusée à l'époque», posait question. «Le regard avait substitué la p