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LA, cité nocturne des anges

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Ça a eu lieu. «Blade Runner» explore le futur et les entrailles d’une mégalopole décrépite et menaçante.
publié le 18 juillet 2013 à 19h06

On est le 25 juin 1982 et le noir vient de se faire dans la salle. Après Alien, Ridley Scott a choisi de s'attaquer à une nouvelle de Philip K. Dick, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? L'auteur - l'une des plus fines plumes de la science-fiction avec Richard Matheson et Theodore Sturgeon - y met en scène les rares survivants d'un conflit qui a irradié la planète, en 1992.

Rick Deckard, un flic de San Francisco, traque des androïdes Nexus 6 qui se sont échappés de colonies lointaines. Le générique de début du film s'achève et, holy shit !, un carton indique : «Los Angeles, novembre 2019.» Une caméra subjective filme la progression d'un véhicule volant vers une construction pyramidale ressemblant au Stadtkrone du Metropolis de Fritz Lang : c'est la Tyrell Corporation, où l'on fabrique les androïdes rebaptisés «réplicants» dans le film.

En contrechamp, l'œil du pilote où se reflètent des puits de pétrole crachant leurs flammes dans la nuit, tandis que des spinners (voitures volantes) de la police foncent à contresens. Le LA dystopique rêvé par Ridley Scott essaime à partir de Downtown, évoquant un croisement de Times Square à New York et Shibuya à Tokyo, revisité par le Moebius néogothique de Métal hurlant. Les gratte-ciel sont prisonniers d'une sempiternelle brume passant, au gré des heures, du noir d'encre à l'orangé.

Les rues grouillent d'une faune multiethnique - dévots de Krishna, hassidim, Asiatiques à chap