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Libération
Interview

«On ne vieillit pas quand on s’élève»

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Qui va là ? Quelle actrice française répondait cette année-là à nos questions ?
publié le 24 juillet 2013 à 19h06
Vous vivez seule ?

Non, je suis toujours très entourée, par tous les âges. Mais c'est vrai que beaucoup de vieillards viennent me voir pour que je leur remonte le moral, pour que je leur donne du tonus. Je suis une dopeuse… Et j'aime beaucoup ma solitude, je la recherche. Depuis toujours. Quand j'étais enfant déjà, j'aimais me retirer pour méditer. Dès l'âge de 6 ans, on disait de moi, je me souviens : «Qu'est-ce que c'est que cette gonzesse-là qui médite ? Elle est con…»

(On trempe nos macarons en feuilletant l’album-photo. Arrêt sur image : celle d’un père tenant dans ses bras un enfant en bas âge…)

Je n’ai jamais eu envie de me reproduire… J’ai jamais voulu avoir d’enfants, de peur de faire un petit soldat, un militaire, un tueur. On n’est jamais sûr. Si on était sûr de faire l’enfant rêvé, ce serait merveilleux. Faire un être idéal qui n’aurait ni mal aux dents, ni mal à la langue, ni aux oreilles.

Là, j'aurais signé tout de suite. Mais se reproduire, non… Je trouve que c'est d'une trop grande prétention… Oh, il a les yeux de papa, il a le derrière de maman. Il est aussi con que grand-père… Mon frère, qui n'était pas un con, disait toujours : «Un nouveau-né, c'est un futur mort.»

Il y a de nombreuses grandes actrices qui, même âgées, acceptent d’être photographiées. Pas vous. Pourquoi ?

(Enervée, en laisse tomber son macaron) Comment pouvez-vous dire une chose pareille ! Ça va pas non ! Le public a mes films, ça ne leur apporterait rien de me voir comme ça. Pour les entendre dire, en me voyant : «Tu te souviens comme elle était belle ?» Ça va pas non !

Jama