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Libération

Le foulard, nouveau chiffon rouge

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publié le 26 juillet 2013 à 19h06

18 septembre 1989 : Leïla et Fatima enflamment la France pour avoir fait leur rentrée scolaire avec sur leur tête un foulard. Bras de fer, milliard de commentaires, mitrailles et télévision : l'affaire ne se règle pas discrètement, dans le bureau du principal, comme elle se règle des dizaines de fois par an, dans d'autres établissements. Un mois plus tard, les deux adolescentes acceptent de baisser le foulard sur leurs épaules. A lire les articles, il semblerait qu'elles ne tiennent pas parole. On ne parle que de ça : les jeunes filles sont-elles contraintes par leur père ? L'islamisation menace- t-elle la France ? La République doit-elle protéger les jeunes filles contre elles-mêmes grâce à une loi d'interdiction des signes religieux ostentatoires à l'école, qui sera votée en 2004 ? Une croix autour du cou est-elle également un signe ostentatoire ? Le 26 octobre Gilles Deleuze écrit : «Arrivera-t-il qu'on réclame un droit à la prière islamique dans les classes mêmes ? Et puis, qu'on discute de l'enseignement en reprochant à tel texte de Racine ou Voltaire d'être une offense à la dignité musulmane ?» Ces catastrophes n'ont pas eu lieu, mais la conviction d'un péril islamique ne semble pas s'être évaporée pour autant. Dans certaines écoles, les mères à foulard n'ont pas le droit d'accompagner les sorties des enfants, alors même que les écoles cherchent de tout cœur à «intégrer» les familles de migrants à la vie de l'établissement, disent-elles. Le danger est partout