«Vous pensez bien que si les hommes commencent à avoir des enfants, la pilule sera en vente partout et ils avorteront quand ils voudront. Je ne vois pas un PDG abandonner son usine parce qu'il est enceint.» Voilà le genre de réplique géniale que l'on peut entendre dans la comédie injustement mal aimée de Jacques Demy, l'Evénement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune, où Marcello Mastroianni, moniteur d'une auto-école, tombe enceint de Catherine Deneuve, sa femme dans la vie comme à l'écran. Petit pull angora et ondulé platine, elle est la reine «des minivagues» - et tient un salon de coiffure. Elle croit à tout, un rien l'étonne, et le film date de 1973, l'année où naquit Libération, mais pas la loi sur l'IVG, défendue en 1975 par Simone Veil, qui se fit copieusement insulter à l'Assemblée nationale. 1973 ? Mais nous sommes en 1993. Pourquoi revenir en arrière, alors que le temps passe déjà si difficilement ? Un cas de désobéissance temporelle ? Pas du tout. C'est que les nouveaux pères naquirent à peu près en 1993. Cette expression désuète n'a jamais cessé d'être usitée, comme en témoigne le site «Nouveaux-peres.com, le blog des papas impliqués», et pléthores d'articles qui scrutent chaque saison en quoi les pères innovent. En vingt ans, la nouveauté est devenue consubstantielle à la paternité, alors même que les rengaines qu'elle suscite ne varient pas. Elles tournent toujours autour de l'inquiétante dévirilisation des hommes
La gestation à qui père gagne
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par Anne Diatkine
publié le 31 juillet 2013 à 19h06
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