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Libération

Concept stores, du vide au bide

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publié le 11 août 2013 à 19h06

Une robe Alaïa, en jersey, encolure carrée, à 2 600 euros, en vente chez Colette ? OK, on ajoute au panier. Notre petite entreprise ne connaît pas la crise. Des boucles d'oreilles «ailes» en or blanc 18 carats, sertis de diamants blancs et diamants noirs, Elise Dray à 11 025 euros? Elles sont nécessaires pour écrire, on les fera passer en notes de frais, tant pis pour les clips qui pincent. La créatrice a un «instinct artistique», «une énergie positive», elle s'inspire de «son amour pour les animaux», et «ses idées bouillonnent», dit la présentation. Tout comme nous. Est-ce une chance ou un pléonasme, d'être ornée de son reflet ? Et le doudou ? Doit-il ressembler à l'enfant, comme le chien à son maître ? Une marque américaine de poupées s'est posé cette question et c'est une vision d'horreur que de voir des milliers de petites filles, Frankenstein en goguette, choisir et composer la poupée qui leur ressemble le plus, dans un espace rose, immense, et sonore, accompagnées d'un double plus âgé toujours féminin, et d'autant plus double qu'il y a des miroirs. A l'opposé, le concept store Colette cultive la pièce unique, la rareté, et, avec elle, le manque. Concept store ? Et pourquoi pas «marchand de couleurs», ou «tout à 10 000 euros» ? En 2002, dans le sillage de Colette, le concept store bat son plein, et les boutiques qui vendent du flan, «une ambiance», et un peu de soleil dans l'eau tiède, prolifèrent.