Comment en êtes-vous venu à peindre sur des corps féminins ?
J’avais l’idée d’une image entre deux seins. Puis cette idée en a amené d’autres. Les modèles ont amené d’autres modèles. Ce qui est intéressant, c’est qu’elles viennent souvent attirées par mon univers. Pendant les séances de pause, elles parlent, se livrent. Mon travail les ramène à leur enfance. Parfois, elles me demandent des choses très précises, par exemple d’être dans une position inconfortable pendant la pause. L’une d’elle, rencontrée dans un club fétichiste où Olive et moi devions faire une performance, voulait se faire posséder. Je lui ai dessiné plein de fantômes. Un autre aspect est lié à la chirurgie. J’aime l’idée du bloc opératoire. Devant leurs corps nus, je suis avec mes petits ustensiles, mon petit chariot et j’opère.
[…] Vous citez les Crados comme influence…
Je suis assez attaché aux trucs de gamin, les monstres, les jouets, sauf que, comme je suis adulte, ce sont des monstres qui peuvent paraître un peu plus réels et un peu plus effrayants, ce sont des jouets qui peuvent attaquer. Il y a un côté «se tuer en rigolant» dans les Crados. J'ai appris récemment que c'est Art Spiegelman qui a lancé ça, en parodiant les Cabbage Patch Kids.
[…] Votre œuvre en général rappelle beaucoup de mythes archétypaux.
C'est involontaire parce que, en réalité, je lis très peu. Ça vient de mon inconscient, mais j'essaie de ne pas l'analyser. Je n'aime pas décortiquer, j'aime être dans le brouillard, ou l'état de fièvre, je trouve ça assez agréable. Un de mes lecteurs m'a écrit un jour qu'il suivait mes travaux comme si c'étaient «des p