Menu
Libération
Critique

Everhard Jabach, de brut en blancs

Article réservé aux abonnés
Arts . Avant de les céder à Louis XIV, le célèbre collectionneur avait fait retoucher ses dessins par d’autres artistes. Ils sont exposés au Louvre.
publié le 16 août 2013 à 21h36

Everhard Jabach (1618-1695) est de ces personnages peu connus du grand public dont le nom brille pourtant au firmament des amateurs. Le Louvre détient plus de 200 tableaux provenant de sa collection, de la Mort de la Vierge du Caravage à l'Homme au gant de Titien en passant par le Baptiste de Vinci. Mais, pour beaucoup, Jabach est synonyme du fonds de dessins le plus ancien détenu par le musée. En Europe, il fut parmi les premiers à investir dans un genre dont l'intérêt était limité aux cercles artistiques. Suivant le goût de l'époque, il valorisait les compositions finies, «chargées d'ouvrages», appelées «dessins d'ordonnance» car elles répondent à une «belle ordonnance». Il encadrait les plus beaux, les entourant d'une bordure dorée, pour en faire des tableaux, qu'il classait par écoles. Il en gardait trace en les faisant graver ou recopier. Non sans quelque confusion au passage, entre le vrai et le faux.

Prestige. Présentant une cinquantaine de ses feuilles du nord de l'Europe, l'exposition aurait mérité d'aborder plus franchement cette histoire bien particulière, qui a toujours embarrassé le Louvre (lire ci-contre). Elle s'ouvre par un portrait réalisé par Van Dyck de l'intéressé, prêt à se lancer dans la vie du haut de ses 18 ans. Héritier d'une dynastie de banquiers de Cologne, ayant adopté la nationalité française, Jabach fit fortune entre la finance, la Compagnie des Indes et