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Le monde réel, souvenir-écran

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Ça a eu lieu. Le moteur de recherche Street View quitte les rues et investit l’eau, la neige, le vent.
publié le 23 août 2013 à 19h06

Latitude 48,865759 et longitude 2,363307. C’est précis, ça indique à quelques centimètres près la position d’un écran. Mais celui qui le regarde, où est-il ? Ailleurs. Loin. Lorsqu’il était enfant, il s’amusait à faire tourner un globe terrestre et à l’arrêter d’un doigt. Il imaginait alors le voyage qui pourrait l’amener jusqu’à l’endroit pointé.

Aujourd’hui, le jeu a changé. Il ouvre Google Maps, affiche la carte du monde, et va chercher le petit bonhomme orange en haut à gauche, juste au-dessus de la barre de zoom. Certaines parties du monde deviennent alors bleues. Elles ont été visitées par les Google Cars et sont accessibles par Street View. Plus besoin d’imaginer, le voyage est immédiat. Il dépose au hasard le gonze orange dans le bleu. Téléportation, Scotty !

Les fjords norvégiens, les Highlands d’Ecosse, les réserves d’Afrique du Sud, la nationale 1 en Californie, il passe de l’un à l’autre grâce à la molette de la souris et son hypnotique zoome/dézoome. En mode plein écran, il se retrouve immergé dans ces décors figés une fois pour toutes par les appareils photo à 360 degrés perchés sur le toit des voitures Google. Avec cette ubiquité asynchrone, il fait toujours beau à Etretat et maussade à Barcelone. En octobre 2012, plus de 400 000 kilomètres ont été rajoutés ou mis à jour (Italie, Singapour, Macao, Thaïlande, Canada, etc.), largement de quoi satisfaire ses velléités d’évasion. Plus tôt, il avait déjà pu arpenter Moscou, Saint-Pétersbourg et Santiago du Chili. Str