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Kaufmann et Harteros, les deux font l’opéra

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Lyrique . Le ténor et la soprano ont excellé ensemble à la Scala de Milan, à Munich, et à Salzbourg, où ils viennent de se distinguer dans «Don Carlo» de Verdi.
publié le 25 août 2013 à 20h56

Il est 17 h 30. Antonio Pappano entre dans la fosse du Grosses Festspielhaus de Salzbourg et lance l'ouverture du Don Carlo de Verdi. Cette nouvelle production est la plus attendue du festival. Car après Lohengrin de Wagner à la Scala en décembre et le Trouvère de Verdi début juillet à Munich, elle réunit à nouveau sur scène Anja Harteros et Jonas Kaufmann.

Dès l’acte de Fontainebleau, Anja Harteros campe une Elisabetta de très grand style. Emission confondante de naturel, homogénéité parfaite du timbre sur toute la tessiture, galbe majestueux de la ligne, souffle infini qui lui permet d’oser des pianissimos filés : elle possède toutes les couleurs et nuances du rôle.

Noblesse. Mais c'est surtout sa façon d'incarner le drame avec dignité, de la joie rêveuse à l'accablement, qui fait d'elle la plus grande Elisabetta et la plus authentique soprano verdienne entendue depuis des décennies.

Bien qu’il l’ait déjà défendu avec succès, le rôle-titre n’est pas dans les cordes de Kaufmann. On se souvient de son Alfredo au palais Garnier, techniquement somptueux mais aux aigus intelligemment couverts au lieu d’être dardés avec cette insolence solaire qui fait les ténors verdiens. Kaufmann sait néanmoins se dépasser dans les rôles tourmentés : son génie de la caractérisation associé à sa noblesse stylistique héritée de Wunderlich font que l’on est suspendu à chacune des inflexions vocales. Ses duos avec Elisabetta enchantent,