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Libération

Femmes : l’exception française

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publié le 30 août 2013 à 19h06

Il y a eu, au début des années 90, l'Histoire des femmes en Occident, publiée en cinq volumes (de l'Antiquité au XXe siècle), dirigée par les grands historiens Georges Duby et Michelle Perrot (Plon). Indispensable collection pour qui prétend avoir voix au chapitre féminin. Avec Insoumises, une autre histoire des Françaises, Robert Muchembled ouvre un nouveau champ d'investigation, considérant que le postulat de cette précédente Histoire des femmes de référence qui privilégie la thèse de «l'existence d'une domination masculine, et donc d'une subordination, d'une sujétion féminine» est en fait trop simple. Admettons cette hypothèse audacieuse, la révision en matière historique est un exercice salutaire.

Le propos de Muchembled consiste à concentrer son étude sur les seules Françaises, mais surtout sur une particularité propre qu’il leur prête : les Françaises ne sont pas des femmes comme les autres, elles ont très tôt occupé une place dans le débat public. Il s’agirait donc d’une nouvelle exception bien de chez nous, où, comme veut le démontrer l’historien, les femmes auraient depuis longtemps manifesté une certaine appétence à la liberté. Et si exception française il y a, c’est qu’ici, l’opinion s’en est finalement accommodée. L’opinion, c’est-à-dire le sexe opposé, évidemment dominant, mais finalement séduit par celles qu’on qualifie tout de même d’emmerdeuses, voire d’hystériques.

Historien des sociétés, des cultures et des compo