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Libération

Les friches sensorielles de la RuhrTriennale

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Dans un fascinant paysage industriel, le festival dirigé par Heiner Goebbels met en résonance public, œuvres et lieux.
publié le 1er septembre 2013 à 21h16
(mis à jour le 3 septembre 2013 à 10h38)

S’étirant de Duisbourg à Bochum en passant par Essen, la RuhrTriennale prend place dans un paysage sidérant de haut-fourneaux, cokerie, aciéries et centrales électriques désaffectés. Ancien berceau de l’industrie lourde allemande frappé par la crise, ces lieux délaissés, à eux seuls motifs de ravissement, ont été pour la plupart reconvertis en lieux d’art et de loisirs.

C'est à Heiner Goebbels, homme de théâtre mais aussi compositeur, qu'a été confiée pour trois ans consécutifs la direction artistique. Pour cette deuxième édition sous sa houlette, le festival renforce le croisement entre disciplines, l'ouverture aux arts visuels, produisant cette année pas moins de 40 œuvres, dont certaines spécifiquement pour les lieux. «C'est un festival de création qui donne l'occasion aux artistes d'expérimenter de nouveaux formats. De proposer des expériences fortes au public qu'il ne pourrait voir dans aucun autre endroit», promet le metteur en scène.

La manifestation procure, de fait, des impressions uniques mettant en résonance le spectateur, l’œuvre et le lieu, souvent très spectaculaire, qui l’accueille. Telle cette cathédrale industrielle du site minier Zollverein à Essen, transfigurée par l’artiste écossais Douglas Gordon, qui s’appuie sur les murs noircis de charbon pour en convier les fantômes. Le collectif rAndom International y déploie une architecture éphémère, faite de chutes d’eau dont la fragilité contraste avec les bunkers de béton, de briques rouges et d’acier ro