Quel lien entre la prêtresse VHS de l'aérobic Jane Fonda et les époux Ceaucescu, Bambi et Kurt Cobain, Donald Trump et les algorithmes financiers, Hamid Karzaï et ses frères et les volontaires héroïques de Tchernobyl ? Entre le destin tragique de l'artiste pop anglaise Pauline Boty, qui refusa de se faire soigner du cancer pour sauver son enfant à naître, et celui du chanteur punk russe Jegor Letov, déclaré fou par les autorités soviétiques ? Ils sont tous les protagonistes du docu-spectacle épique fomenté par Adam Curtis, influent documentariste britannique, en collaboration avec Robert del Naja, de Massive Attack, vétéran du trip-hop crépusculaire, qui était présenté quatre soirs consécutifs à Duisbourg, en Allemagne, dans le cadre de la RuhrTriennale (lire page 24).
Peu connu de ce côté-ci de la Manche, le réalisateur de la BBC écume depuis plus d’une décennie les archives du siècle dernier pour tenter de comprendre quelque chose au monde bizarre dans lequel nous vivons. Parcourant les flux ininterrompus et chaotiques de news pour y trouver un semblant de cohérence, Curtis décrypte les systèmes de pouvoir à l’œuvre en s’intéressant au texte sous-jacent, faisant résonner les petites histoires avec la grande, établissant des correspondances et des connexions audacieuses entre ces fragments du passé… avec un talent diabolique de storyteller.
Rétine. Pour ce spectacle coup-de-poing, il revisite quarante ans d'histoire en une heure