Le succès surprise de l'été a pour titre Un été avec Montaigne. L'éditeur en avait prévu 5 000 exemplaires, il a dû en imprimer vingt fois plus. Montaigne qui ? Un rappeur au surnom folklo dont les aventures estivales nous seraient contées ici par quelque jeune écrivaine délurée et scandaleuse ? Non, Montaigne le vrai. Quel phénomène surnaturel a-t-il bien pu se produire dans ce pays pour que le vénérable auteur des Essais suscite soudain un tel engouement ? Le phénomène s'appelle Antoine Compagnon.
Ce professeur au Collège de France était déjà l’auteur de quelques miracles laïcs, comme de remplir trois amphis (dont deux en retransmission vidéo) à chacun de ses cours sur Marcel Proust. Précis, charmeur, érudit, non dénué d’humour, exigeant, cet homme de 63 ans transforme ses audiences en assemblées de chats ronronnant de plaisir sous une averse de culture littéraire douce comme une pluie d’été.
C'est en podcastant un cours de Compagnon sur Montaigne que Philippe Val, patron de France Inter, eut l'idée de lui confier sur son antenne, durant l'été 2012, une chronique quotidienne consacrée aux Essais. Le livre paru en mai en réunit les textes. On serait volontiers preneur d'un recueil de ses cours au Collège depuis 2006, mais il se trouve qu'aucun n'a été écrit : le titulaire de la chaire de littérature française moderne et contemporaine les improvise à partir de quelques notes, avec une aisance déconcertante.
Dans son grand appartement proche de la gare