Bongeziwe Mabandla, en juin à Johannesbourg. © Suzy Berstein
N'importe où ailleurs, la scène prêterait au sarcasme, tant elle semble renvoyer aux pires clichés du sauvage qu'on exhibe pour divertir la galerie. Mais là, dans cette sorte de salle des fêtes de Soweto chauffée à blanc, l'authenticité du spectacle ne souffre aucune équivoque : en ce dimanche ensoleillé de printemps, une foule bon enfant se presse pour ovationner Thomas Chauke, le «roi de la tsonga music» qui, de fait, va ravir son auditoire, affublé d'une peau de bête et entouré de cinq avenantes choristes (ses Chaukettes ?) aux accoutrements non moins bigarrés. Pour qui (mettons 99,9999999% de la population terrestre) ignorerait ce qu'est la «tsonga music», on dira que c'est l'air hymnique du Limpopo : une variété entraînante où, entre basse, batterie et claviers, la guitare occupe une place de choix. Et pour qui (99,9999999% etc.) ne saurait où situer sur une carte le Limpopo, on précisera qu'il s'agit d'une province de l'extrême nord-est de l'Afrique du Sud, quasi exclusivement noire, qui compte plus de 5 millions d'habitants.
Séquelles. Donc, dans son périmètre, Thomas Chauke est un cador: trente-deux années d'activité, scandées par autant d'albums or ou platine en Afrique australe. Mais ailleurs, le moghol de l'aubade shangaan n'existe tellement pas qu'il n'a même jamais pris la peine de sortir de ses frontières. Jusqu'à s'accommoder d'un fonctio