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Interview

Greil Marcus : «Mais qu’est-ce que c’est que cette merde ?»

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Le critique Greil Marcus, qui signe les notes du coffret , avait flingué «Self Portrait» dans «Rolling Stone» :
publié le 11 septembre 2013 à 20h46
(mis à jour le 12 septembre 2013 à 15h54)

Greil Marcus, 68 ans, critique rock et écrivain (1), a publié une douzaine d'ouvrages sur la musique et les mouvements artistiques de l'Amérique des années 60 (dont Mystery Train), et plus particulièrement sur le phénomène Dylan. En 1970, il signe une critique acerbe de Self Portrait dans Rolling Stone. C'est lui qui signe, aujourd'hui, les notes accompagnant le coffret des Bootleg Series.

En 1970, vous écriviez à propos du dernier Dylan : «Qu’est-ce que c’est que cette merde ?» Aujourd’hui, vous apparaissez sur le livret de cette exhumation. Que s’est-il passé ?

J'avais commencé à écrire pour Rolling Stone en 1968. C'était la première occasion pour moi, en tant que critique rock débutant, d'écrire sur un album de Dylan. Lorsque Self Portrait est sorti, tous ceux qui avaient écouté le disque étaient unanimes : à part quelques morceaux, comme All the Tired Horses, Copper Kettle ou Little Sadie, l'album était franchement mauvais. On aurait dit qu'il n'y avait pas de vie, pas de corps. A cette époque, un album de Dylan, c'était l'occasion de parler, d'échanger, etc. J'ai décidé d'écrire un long article rapportant ces conversations, faisant parler plein de gens différents. Et ce qui en est sorti, c'était : «Mais qu'est-ce que c'est que cette merde ?» Un poil provocateur, c'était ce que tout le monde pensait. Mais tout n'était pas aussi négatif dans mon papier.

Mais comment vous retrouvez-vous dans Another Self Portrait ?

J’avais travaillé souvent avec Jeff Rosen, le manager de Bob Dylan, sur divers projets. Parfois, il me passait des vieux disques - Jeff est un puits de science sur la musique américaine. Un jour, il m’a mis qu