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L’amour vache avec Picasso

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Dans la première biographie consacrée à Braque, le Britannique Alex Danchev décrit les liens affectifs qui unissaient les deux artistes.
publié le 16 septembre 2013 à 18h06
(mis à jour le 17 septembre 2013 à 12h50)

En 1973, lors de la dernière rétrospective consacrée à Braque à l'Orangerie, André Fermigier écrivait dans le Monde à propos du peintre que «toute son œuvre signifie l'effacement d'une vie devant un métier» : «Peut-on parler de vie, même au sens où Vasari l'entendait, et qui songerait à écrire une biographie de Braque ?» Le Britannique Alex Danchev l'a fait et il a eu raison car, si la vie de Braque n'est certes pas comparable à la Charge héroïque ni à l'Empire des sens, elle est traversée par les grands événements, à commencer par les deux guerres, et les grands artistes de son siècle. La violence des uns et les passions des autres semblent révélées par son silence et son humour abstentionniste qui, tel un buvard, les absorbe. Danchev, en bon Anglo-Saxon, relate le processus avec un plaisir plein de circonspection.

Fuselage. Les rapports avec Picasso se taillent naturellement la part du lion. C'est en novembre 1907 qu'Apollinaire emmène Braque à l'atelier de l'Espagnol, au Bateau-Lavoir, d'où émerge du capharnaüm cette bombe, les Demoiselles d'Avignon. Pendant sept ans, les deux peintres vont devenir aussi inséparables que les oiseaux du même nom. Picasso appelle son ami «Vilbour», ou «Wilbourg», du nom d'un héroïque pionnier anglais de l'aviation, Wilbur-Smith. Les premières sculptures en papier de Braque lui rappellent le fuselage des machines à traverser le ciel et le temps, plus vite, touj