La Canadienne Angela Laurier, née il y a cinquante et un ans en Colombie-Britannique, a eu un parcours passablement rocailleux : enfant-star sous l'emprise d'un gourou, gymnaste tôt brisée par l'exercice, acrobate, contorsionniste, rejeton d'une famille de neuf enfants où rôdent la schizophrénie et la dépression (lire son portrait dans Libérationdu 11 février 2010).
Thérapie. De tout cela, l'artiste fait des spectacles en se mettant les tripes à l'air. En chantant, criant, dansant, en se faisant mal, en se mettant nue. Le dernier, l'Angela bête, emmène cet exercice autobiographique hors normes assez loin vers la fragilité et les limites, pour que le public se sente parfois mal à l'aise. C'est d'ailleurs ce qui fait la valeur de cette autofiction : on ne sait ce qui est écrit et ce qui jaillit spontanément ; ce qui relève de la poésie ou de la thérapie de groupe. Au point que, pour arrêter l'épanchement, il faut que les partenaires d'Angela Laurier la vident littéralement de la scène à la fin du spectacle. Ce qui ne l'empêche pas de revenir pour parler encore et encore, même quand les spectateurs commencent à partir, même quand ils sont partis. Il est clair qu'on est ici un peu au-delà d'une simple performance.
Corps. Les deux précédents spectacles, Déversoir