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Libération
chronique «à contresens»

Les pulsions autodestructrices de Diana

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publié le 11 octobre 2013 à 23h21

Personne, ni ses idolâtres ni ceux qui trouvaient la princesse ridicule, n'ont apprécié le film Diana d'Olivier Hirschbiegel. Les uns et les autres l'accusent de trahir le modèle et son histoire. L'actrice Naomi Watts ne lui ressemblerait en rien et les faits qu'il chercherait à rapporter, notamment les deux dernières années de sa vie, seraient eux-mêmes faux. Or, on pourrait avoir une opinion plus généreuse sur ce film si, au lieu de le considérer comme une biographie visant à rapporter des faits réels, on le prenait pour une réflexion sur une question beaucoup plus passionnante : la psychologie de l'humanitaire.

On sait que la princesse blonde est devenue une icône mondiale en bonne partie à cause de cette forme d'altruisme, objet de tant d'enthousiasme de la part de nos contemporains. Ne se qualifia-t-elle pas de «reine des cœurs» ? Ne dénonçait-elle pas les armes qui mutilent, ne se décarcassait-elle pas pour lutter contre les maladies qui tuent et qui invalident ? Ne se rendait-elle pas dans n'importe quel coin de la planète pour sauver des vies, pour consoler les mères des enfants morts pendant les guerres ? Or, ce que l'on voit dans ce film, c'est une femme littéralement fascinée par le sang, par les mutilations, par la mort et par les maladies. Comme si dans ses croisades humanitaires, elle avait cherché avant tout à voir et à jouir des maux qu'elle était censée combattre. Ou plus précisément que ses efforts dans ce sens avaient eu pour but de lutter