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Critique Théâtre

Machines à freaks

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«Au monde» et «les Marchands», deux fables sombres et grinçantes de Joël Pommerat sur le monde de l’entreprise, sont reprises à l’Odéon.
publié le 14 octobre 2013 à 18h06

On célèbre Joël Pommerat, 50 ans, comme s'il en avait 100, et il se prête au «je». Les deux spectacles écrits et montés par lui à l'Odéon, Au monde et les Marchands, ont été respectivement créés à Strasbourg en 2004 et en 2006. L'un et l'autre ont déjà été repris. C'est un peu tôt pour une rétrospective. Mais, entre-temps, il y a eu Pinocchio, Je tremble, Ma Chambre froide, Cendrillon et la Réunification des deux Corées : les tréteaux progressifs de la gloire. Le cercle d'ombres et de lumières s'est élargi autour de l'univers à la fois très fumeux et très dessiné de l'auteur-metteur en scène et de ses acteurs, toujours les mêmes, à la tangente du sketch tragique, de l'Amante anglaise et du roman graphique. Ça permet de dire à ceux qui l'ont découvert à l'époque : «J'y étais, il a progressé» ; et aux autres : «Ce n'est que ça ? J'espère qu'il a fait mieux depuis.» Ainsi, chacun est satisfait de lui-même. Pourquoi reprendre ces deux pièces à l'écriture assez pesante ? Pommerat nous fait le coup du work in perpetual progress.En vieillissant avec les pièces, dit-il, ses acteurs deviennent plus beaux. Avec le temps, «la souplesse et l'intelligence de ce qu'on raconte se développent». L'homme ne pèche, comme on voit, ni par excès de pessimisme ni par excès de modestie. L'institution le prend et il se prend pour un grand cru.

Play-back. Dans ces pièces rem