C'était mercredi dernier, le soir de la première de la Grande et Fabuleuse Histoire du commerce, au théâtre des Bouffes du Nord. Créée en 2011 à Béthune (Pas-de-Calais), la pièce enferme deux groupes de vendeurs de porte à porte dans leurs chambres d'hôtel : l'un pendant les événements de 1968, l'autre aujourd'hui. On y parle de technique de vente, et donc de la nature humaine. Une fois le spectacle terminé, quelques spectateurs entourent l'auteur et metteur en scène Joël Pommerat qui, pour une fois, ne s'est pas dérobé. Une jeune fille lui demande comment résumer sa pièce : «Sommes-nous seuls responsables de nos actes, comme nous l'explique le libéralisme ?» répond Pommerat. Une dame qui vient de découvrir Au monde et les Marchands, qui se jouent en parallèle au théâtre de l'Odéon (lire ci-contre), lui demande s'il pense que ses précédentes pièces ont bien vieilli. «Ça dépend des soirs. Le théâtre, c'est par définition fragile. Par exemple hier, la générale était lamentable. Ce soir, c'était un peu mieux…» Un monsieur à petites lunettes rondes ne comprend pas : «Mais les acteurs étaient tous extraordinaires.» «Je continue à douter, ça n'est pas plus mal», réplique le metteur en scène.
Aficionados. Le public, lui, ne doute pas. C'est désormais un classique : une pièce de Pommerat se joue à guichet fermé. Les anciennes comme les nouvelles. Un engouement du public et une quasi-u