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Libération
TRIBUNE

Le pape François et Diderot, même combat ?

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par Jean-Paul Jouary, Philosophe
publié le 17 octobre 2013 à 18h06

Le pape François aurait-il décidé secrètement de célébrer à sa façon le tricentenaire de la naissance de Diderot ? Coup sur coup en effet, ses déclarations fracassantes liées à l’actualité résonnent comme un regret que Denis Diderot, longtemps déiste et même tonsuré parce qu’originellement promis aux ordres, ait pu basculer dans l’athéisme (sans pour autant renoncer à ses valeurs humanistes universelles) sous l’effet des positions rétrogrades et oppressives de l’Eglise de son temps : condamnation de tout ce qui touche à la sexualité, à l’émancipation des femmes, indifférence aux effets criminels des inégalités et de l’extrême misère, fermeture aux représentations du monde qu’engendre le mouvement des peuples et de la culture.

Des cortèges défilent-ils unissant des responsables catholiques avec tout ce que la société contient de plus dangereusement xénophobe et rétrograde pour condamner pêle-mêle la contraception, le droit à l'interruption volontaire de grossesse, le mariage homosexuel ? Le pape François qualifie ces gesticulations d'«obsession» et demande «qui suis-je pour juger ?», appelant les chrétiens à «soigner les blessures». La bonne conscience lie-t-elle bien des catholiques aux milieux d'affaire les plus directement responsables des insupportables souffrances d'un monde où l'insolente richesse se nourrit de la misère de milliards d'humains, jusque dans les pays les plus opulents ? Le pape François met le drame de Lampedusa sur le compte de