Omniprésents sur les quais de gares, les haut-parleurs de la marque Bouyer équipent depuis les années 50 et 60 la plupart des lieux publics avant d'être progressivement laissés à l'abandon, supplantés par des systèmes plus modernes. Séduits par «leur accessibilité et leur résistance», Jérôme Fino, artiste vidéaste nomade, et Emilien Leroy, alias le musicien Feromil, ont décidé de réanimer ces reliques qui font partie du paysage sonore des gares et lieux de passage, évoquant les anciens porte-voix nasillards.
«Il suffit d'attendre un tramway à Marseille-Blancarde ou de lever la tête en direction des faux plafonds de la gare de Lyon, pour les apercevoir», dit Fino, décrivant la spécificité de leur son «ultra-directionnel, très agressif dans les médiums-aigus». En octobre 2012, ils commencent donc à arpenter le réseau ferroviaire autour de Marseille. «Fonctionnant comme un lieu d'art mobile, nous voulions infiltrer et détourner les systèmes sonores urbains.»
Haut-parleurs Bouyer.
Photo Jérôme Fino
Munis d'une valise à roulette qui leur permet de déplacer discrètement leurs outils de travail (une batterie de voiture, un ampli 12 volts, un lecteur CD et le matériel de tournage), ils écument durant un an les 863 kilomètres qui relient Marseille à Paris. Branchant leurs valises aux haut-parleurs délaissés pour