Chaque année, début juin, quand Robert annonce la publication du nouveau millésime de son dictionnaire usuel, Camille court à la librairie la plus proche, l'achète et file chez lui pour se livrer à son grand plaisir, celui que seul renouvelle la sortie, concomitante à quelques jours près, du Petit Larousse illustré. Il pose sur son bureau le volume fraîchement acquis, l'ouvre au côté de sa précédente édition, et se livre, page après page, crayon en main, au grand jeu des différences nées dans l'année. Un mot entre, une orthographe est modifiée, un renvoi ajouté, une définition allongée, un adjectif éjecté : deux semaines durant, il note, annote, analyse, relevant cette année, entre mille autres détails, que Robert n'a supprimé aucun mot, tandis que Larousse a viré «chinetoque».
Indétrônables blockbusters
Denis Diderot, né le 5 octobre 1713, autant dire il y a trois siècles, serait ravi de lire que ses concitoyens adorent les dictionnaires, et particulièrement le plus encyclopédique de tous, le Petit Larousse, qui emporte la moitié des ventes, devançant de loin le Petit Robert, choyé des universitaires, et le Hachette, pour ne citer que les leaders du marché. Les Français achètent chaque année plus d'un million de dicos de français, faisant de ces pavés les indétrônables blockbusters (mot entré au Robert en 2012) de la rentrée et longsellers (terme accepté cette année par le Petit Larousse) ; ils se délectent des nouveaux m