Docteure en sciences politiques puis militante communiste et féministe, Miuccia Prada a repris et relancé en 1978 la société créée par son grand-père à Milan soixante-cinq ans plus tôt. A côté de Prada, devenu l’un des empires de la mode, elle a développé son goût pour l’art contemporain, notamment à travers une fondation dont les lieux ouvriront à Milan à l’été 2015.
Comment est née l’idée de «re-faire» l’exposition mythique que Harald Szeemann avait organisée à Bern en 1969 ?
C’est moi qui en ai eu l’idée. Je lisais le journal de Szeemann au moment où je cherchais quelle serait la prochaine exposition au Ca’ Corner della Regina. La Fondation Prada est une démarche très personnelle. Et lorsque j’ai une idée, j’aime bien la tester auprès de quelques personnes. Le fait de travailler dans la mode apprend à être très ouvert, à toujours soumettre ses idées à la discussion. J’ai réuni des artistes qui sont aussi des intellectuels, Germano Celant, le directeur artistique de la fondation, l’architecte Rem Koolhaas et le plasticien Thomas Demand pour leur en faire part. Tous ont été enthousiastes. Je me posais toujours des questions : n’était-ce pas trop nostalgique ? C’est cette crainte qui m’a persuadée que la vraie idée n’était pas de montrer une nouvelle fois ces œuvres et ces artistes, désormais bien connus, mais de refaire cette exposition.
Outre la nostalgie, n’avez-vous pas eu peur des problèmes très pratiques que cela pouvait engendrer ?
C’est apparu immédiatement : beaucoup de choses étaient tout simplement impossibles à reproduire, pour des raisons de sécurité, de normes, de distance entre les œuvres et le public, entre les œuvres elles-mêmes, du fait de la valeur que certaines ont a