Une jeune femme blonde aux cheveux courts avale «la poudre de peur» qu'un homme a préparée pour elle. La peur l'enferme derrière des barreaux où l'homme observe sa prisonnière se débattre contre des cauchemars prédateurs et voraces. Le directeur d'un zoo fixe sa prisonnière d'un regard inhumain. «Ouvrez ces cages ! Toutes les cages ! Lâchons les bêtes dans Paris !» La blonde captive, jadis cantatrice, a perdu sa voix : entre les barreaux, seuls résonnent les grondements rauques des grands fauves.
«Il faut en finir avec cette nuit, n’est-ce pas ?»
En mini-robe, mascara et bottes moulantes, la fugitive erre à travers un dédale d’entrepôts industriels, et perd son sac. Quand elle le retrouve à l’aube, dans le décor vidé de ses fantômes, dans la prison mentale vidée de ses fantasmes, il manque la clé.
«Ma clé ! Qu’est-ce que je vais faire sans clé ?»
La première fois que j’ai entendu parler de Catherine Jourdan, c’était par un ami cinéaste qui avait écrit un rôle pour elle. Son personnage s’appelle «la Star». Mais Catherine Jourdan est morte avant le tournage, en 2011, à l’âge de 62 ans, et une autre actrice l’a remplacée. Qui est «la Star» ? Une femme depuis longtemps recluse, loin du monde. Elle existe ; elle n’est pas morte ; elle connaît la lenteur des jours, l’inquiétude des soirs ; elle déambule à travers les couloirs de son vaste appartement ; elle observe parfois les passants derrière les rideaux ; elle lit ; elle