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Libération
Critique

Ryan Gander, enfant terrible

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Arts. Le Britannique laisse libre cours à son imagination débordante au Plateau.
publié le 8 novembre 2013 à 19h56

Noir c'est noir. Tellement noir d'ailleurs que, même après quelques minutes, on n'y voit toujours goutte : crainte et désir de se cogner contre des fantômes. En se retournant, on finit par apercevoir un projecteur de diapos à ras le sol. Sur le mur, en petit, en bas, une série de photos égrène deux filles en collants déménageant du papier, seins nus, impression de déjà-vu. De fait, le livret d'accompagnement rappelle que c'est une réinterprétation du Blow-Up d'Antonioni (la scène où Jane Birkin finit désapée).

De là, entre deux courants d'air, on tente d'atteindre la porte suivante, vaguement éclairée. A notre droite, au milieu (au bord ?) du corridor feutré, une colonne de verre carrée avec des composants clignotant. Puis une salle où est projetée une pub un peu grotesque pour l'imagineering, apparemment commanditée par le gouvernement britannique. Sauf que imagineering est un mot disneyien (désignant la construction des parcs Disneyland) et qu'ici, il remplace le mot «imagination» dans le sens mortifère de «rien que d'y penser ça fait rêver». Ryan Gander a véritablement commandité ce film à une agence de pub. Le résultat est un pas au-delà de Big Brother, puisque c'est l'Etat qui vous enjoint de créer…

Dernière étape : cent palettes de peintre en verre maculées de différentes couleurs aux murs (les restes de portraits qu'on ne verra jamais) et trois marbres figeant les cachettes que la fille de l'artiste se fait dans leur maison avec chaises, fa