Prendre la ligne rouge du métro lillois, direction Tourcoing. Descendre à l’arrêt Alsace. Par les rues mornes, marcher jusqu’au Fresnoy, studio national des arts contemporains, dédié à l’audiovisuel. Et découvrir, lové sous la nef d’un ancien hangar, le dédale noir imaginé par la commissaire Louise Déry. Un parcours ténébreux, aux parois transparentes, troué de fenêtres immenses au travers desquelles se dessine un pan du paysage artistique québécois. Une mosaïque mouvante composée par les œuvres de quatorze vidéastes. Tous sont canadien(ne)s - à l’exception de la Française Aude Moreau - et basé(e)s à Montréal, où ils vivent et travaillent.
La pièce maîtresse est signée Pascal Grandmaison. Actif depuis la fin des années 90, ce bientôt quadragénaire a commencé par la photo, mais s'oriente de plus en plus vers le cinéma. Présenté en avant-première au Fresnoy, la Main du rêve et ses quarante-sept minutes de nature émerveillée valent le détour. La vidéo est projetée en boucle sur le mur le plus au fond de l'espace d'exposition. Sa bande-son sépulcrale attire le visiteur comme un champ magnétique. Tournées à 300 images seconde avec une caméra très haute définition (la RED One), les séquences filmées dans un sous-bois québécois défilent en marche arrière, à l'extrême ralenti. On voit dans l'une d'elles la surface d'une rivière, agitée par les remous et les bulles, se convulser progressivement jusqu'à devenir geyser. L'écume bouillonnante forme bientôt un dôme au milieu de l