Après l’Algérie l’an dernier, au tour de l’Indochine. Désireux de sortir de la naphtaline, le musée de l’Armée, installé aux Invalides, continue de revisiter les pages douloureuses de la colonisation et de la décolonisation à la française. Près de soixante ans après la défaite de Diên Biên Phu (en mai 1954), qui accéléra la fin de cette aventure extrême-orientale, une exposition retrace la conquête de la «Cochinchine», son éphémère colonisation (1856-1954), puis le repli des Français dans le fracas des armes.
Après la tragédie algérienne, le second volet de ce dyptique prêtait a priori moins à polémique. C’était compter sans Laurent Fabius.
Colère. En apprenant, début octobre, la mort à 102 ans du général Giap, le célèbre vainqueur de Diên Biên Phu, le ministre des Affaires étrangères a rendu un hommage appuyé à un «un grand patriote vietnamien». Cette déclaration a suscité la colère des anciens combattants, mais aussi d'une partie de l'armée qui n'a pas oublié le sort réservé aux prisonniers de guerre, soumis à des mauvais traitements entre les mains du Vietminh. Preuve que le sujet demeure encore sensible : des responsables vietnamiens sont venus discrètement en reconnaissance aux Invalides, histoire de vérifier que l'ambassadeur d'Hanoi à Paris pourrait visiter l'exposition sans se fourvoyer.
Celle-ci raconte comment la France de Napoléon III, puis de la Troisième République, a jeté son dévolu, durant la seconde moitié du XIX