La jeunesse est un mythe tenace, surtout en Amérique. Dans son ouvrage Teenage : The Creation of Youth, le journaliste et historien du punk Jon Savage situe la naissance de l'adolescent contemporain à l'après-guerre aux Etats-Unis : la figure collait à l'époque, à son optimisme, son consumérisme naissant, et à la nouvelle l'hégémonie américaine.
Avatars. Nulle surprise que cet âge-là soit devenu l'un des grands sujets américains, dans les livres (dont le plus connu serait l'Attrape-Cœurs de J.D. Salinger, en 1951) ou bien les films, aux avatars divers et plus ou moins réussis (disons, de la Fureur de vivre à American Pie). A chaque génération, aussi, son photographe chargé de l'immortaliser, de saisir ces peaux et ces moues, cette morgue et ce mystère qui figent pour l'éternité des corps qui tanguent entre enfance et âge adulte.
Les années 60 eurent Joseph Sterling qui, pour sujet de thèse à l'Institute of Design de Chicago, sous la direction du grand Harry Callahan, choisit l'adolescence, et légua des éclats de jeunesse au dîner, à la plage ou accoudée aux portières de voitures - Outsiders façon Coppola avant l'heure. Vinrent ensuite les pépites de Joe Szabo, prof de photo d'un lycée de Long Island, qui chroniqua, année après année et en noir et blanc, le quotidien d'élèves dont les corps irradient de fraîcheur autant que de doute. Rassemblés dans les livres Almost Grown (1978) et