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Danse

Alain Buffard, au-delà des normes

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Le chorégraphe, mort samedi à 53 ans, a toujours considéré la rébellion comme inhérente à son art.
Alain Buffard dans les années 80. (Photo Pierre Fabris)
publié le 22 décembre 2013 à 20h46

Le chorégraphe français Alain Buffard est décédé ce week-end à 53 ans des suites d'un cancer contre lequel il s'est battu avec acharnement. Il est parti samedi comme le personnage éponyme, figure carnavalesque inquiétante, maître des cérémonies vaudoues, qu'il avait mis en scène dans Baron Samedi, une réflexion sans concession sur les dégâts irréversibles des colonisations. Pour appuyer le propos avec une distribution qui comprenait majoritairement des danseurs noirs ou métis, il n'avait qu'un seul but : décoloniser les esprits qui, un jour, pourraient danser sur la musique de Kurt Weill, classée «dégénérée» par le pouvoir nazi, comme le faisaient les danseurs de cette pièce qui fut sa dernière, créée en 2012 au théâtre de Nîmes où sa compagnie Pi:es était alors en résidence.

En mars, nous lui rendions visite chez lui, porte de Clignancourt pour qu'il nous parle du festival Histoires parallèles, dont la première édition eut lieu à Nîmes où sa compagnie a désormais son siège. Trop fatigué, gardant son énergie pour mener à bien ce nouveau projet, il n'avait pu se déplacer. «Je n'ai plus envie actuellement de faire des spectacles. Un festival est une autre façon pour moi de redéployer mon activité artistique.» La question des colonies y revenait. Ce ne fut pas la seule que le chorégraphe aborda.

Sacripant. Sourire doux qui pouvait devenir sarcastique, Alain Buffard voulait griffer ce qui lui paraissait devenir trop lisse ou