C'est au rez-de-chaussée que commence la stimulante visite de la 9e édition d'ArchiLab, au titre paradoxal : «Naturaliser l'architecture». Car il ne s'agit pas, comme l'expression le laisserait entendre, de documenter la tendance «green» qui sévit dans nos villes de pays développés, mais de recenser les manières dont les architectes se sont emparés des processus d'évolution du vivant pour les adapter à leur discipline. Grâce à des logiciels s'inspirant de comportements cellulaires, se créent des motifs déclinés à l'infini, des structures qui s'auto-assemblent (les Biomolecular Self-Assembly conçus par Skylar Tibbits), des façades ouvragées rappelant celles d'églises baroques et imprimées en sable.
Les créations de la quarantaine d'architectes, designers et artistes invités par les commissaires Marie-Ange Brayer et Frédéric Migayrou finissent par former un drôle de bestiaire qui brouille les frontières entre nature et artifice. De la contemplation d'un gigantesque squelette de plastique rose qui mute dans le jardin (Bloom, d'Alisa Andrasek et Jose Sanchez) ou de chenilles lumineuses et articulées qui réagissent au trajet des visiteurs (le Petting Zoo de Minimaforms), naît un trouble, le sentiment que la matière est devenue vivante. Le rêve des concepteurs de la «Renaissance rustique», comme l'appelle Frédéric Migayrou, ces concepteurs de grottes artificielles et de jardins dessinés par morphogénèse peut enfin s'accomplir. Même si cette nature n'est