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portrait

Catherine de Zegher. Incubatrice d’artistes

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Les «stars» de l’art contemporain ennuient la directrice du musée de Gand, tournée vers les outsiders en devenir.
Catherine de Zegher à Gand en janvier. (Photo Thomas Vanden Driessche)
publié le 20 février 2014 à 19h36

Elle rit, elle rit beaucoup et aux éclats. Pas toujours, pas avec n'importe qui, mais elle rit souvent d'elle-même, des situations, des autres, des questions ou des réponses. Elle s'amuse de son domaine avec une légèreté incisive, parfois acide, de l'image que l'on peut se faire de l'art contemporain, et de l'art en général. Quand nous rencontrons Catherine de Zegher à Gent, Gand pour les francophones, au Museum voor Schone Kunsten (MSK), le Musée des beaux-arts dont elle vient de prendre la direction, on s'étonne qu'elle ne soit pas à Miami pour participer à la grande foire de l'art contemporain. Elle rit, comme si elle venait de mesurer l'océan d'incompréhension dans lequel il va lui falloir se débattre. «Je n'y vais pas, ça ne m'intéresse pas du tout, je n'ai vraiment rien à y faire…»

Jeff Koons, Takashi Murakami ou Damien Hirst, ceux qui «font» le marché ne l’intéressent pas. Ou plus… leurs ateliers usines situés aux Etats-Unis ou en Asie, pour se tenir au plus près des musées, des grands galeristes et des très riches collectionneurs qui les accueillent, les vendent ou les achètent, la laissent indifférente. L’ancienne directrice artistique de la Biennale de Sydney, en 2012, commissaire de celle de Moscou, en septembre 2013, et du pavillon australien à la Biennale de Venise, vous expliquera que l’art qui l’intéresse, elle ne le connaît pas, pas encore du moins. Il vient, il se fait dans la marge, aujourd’hui ou demain. S’il faut aller à Miami ou dans un musée pou