Une sorte de Karen Blixen sous coke. De Bret Easton Ellis flottant dans l’air glacé des climatiseurs. De Françoise Sagan encore plus crue. C’est toujours idiot de comparer les livres, les romanciers, mais comment y échapper si l’on veut tenter un instantané de l’inconnu Jakob Ejersbo, figure punk des lettres danoises, emporté voilà six ans par un cancer ?
Avant sa mort, à 40 ans tout juste, il a eu le temps d’écrire une poignée de livres sur l’Afrique, les Blancs et les Noirs qui cohabitent sans jamais se croiser vraiment, et la misère (psychologique, affective, financière) qui y règne : chacun essayant de manger un bout de gâteau, la plupart se retrouvant à porter un drôle de fardeau – celui de la culpabilité, au hasard ?
Le premier roman d’Ejersbo traduit en français s’appelle Exil, il inaugure une « trilogie africaine ». Ne pas s’arrêter au titre, trop vague, ni au dessin de couverture, qui évoque plus un essai sur la famine qu’un roman d’une telle ampleur (l’auteur avait demandé à sa sœur, illustratrice, de s’occuper du design de sa trilogie – que la maison d’édition française, Galaade, a conservé).
L’ennui entre Tanga et Moshi
Passons. Allons à l'essentiel. L'héroïne s'appelle Samantha, elle a 15 ans au début de ces années 80 et vit entre Tanga et Moshi, deux petites villes de Tanzanie. Ses parents sont des « expats », des Blancs, des Britanniques qui subissent la même métamorphose que tout déraciné. En l'espèce, ni plus tout à fait Blanc, ni tout à fait Noir. à un moment de rage, « Sam » dira même :