Ce n’est ni un motif ni un thème, plutôt un décor. Un paysage qui a pris vie doucement tout autour de nous, sur nos comptes Facebook et Twitter ou sur tous les sites qui agrègent et compilent les contenus. Là, circulent en permanence des images de maisons abandonnées, de gratte-ciel disloqués, de bâtiments ravagés par la guerre ou l’exode rural, aux Etats-Unis, en Europe ou au Bhoutan, peu importe : des ruines. L’inventaire pourrait être sans fin. Aléatoirement, citons : les photographies de Cyprien Gaillard, celles d’un cinéma fantôme déniché récemment dans le désert égyptien, le village de Kolmanskop envahi par les sables en Namibie ou la redécouverte d’images de Dresde détruit.
Les ruines sont devenues le Cinecittà des nouvelles machineries visuelles, du jeu vidéo (avec le retentissant The Last of Us) à la mode (avec un défilé Chanel dans un faux décor détruit en juillet dernier), en passant, évidemment, par le cinéma : Transperceneige, Oblivion, SkyFall ou 2012. Même Swatch a conçu une montre - Melted Minutes - dont le cadran est fondu, disloqué.
Comme on mate un porno
Cet atlas de ruines modernes, moins géographique que fantasmatique, a sa capitale : la ville américaine de Detroit. De ses édifices, autrefois splendides, est parti le courant visuel. Il y eut les photographies d'Yves Marchand et Romain Meffre, auteurs du livre Ruins of Detroit. D'autres parutions ont suivi. Dans Only Lovers Left Alive, Jim Jarmusch a filmé la beauté d