Simon Garfield est un journaliste anglais, auteur d'une dizaine d'ouvrages. A ce jour, son seul livre traduit en France est Sales Caractères, une passionnante histoire de la typographie. à l'automne paraissait au Royaume-Uni To the Letter. A Celebration of the Lost Art of Letter Writing. Soit « un hommage à la lettre. Une célébration de l'art disparu du genre épistolaire ».
S’il ne s’agit en aucune façon d’une étude analytique et universitaire du sujet, c’est une déclaration passionnée au papier et au crayon, à ces drôles d’objets à la fois littéraires et usuels. Simon Garfield fait le constat que le courrier en tant que moyen de communication émotionnelle a disparu. Et alors que les mails sont devenus monnaie courante, il assume sa position «à l’ancienne» et loue un mode d’expression, sinon disparu, du moins en mutation.
Vous dressez un constat très noir de la communication via Internet. Au risque de passer pour technophobe ?
Dans ma pratique journalistique, je suis conscient de l'emprise des mails. C'est pour moi une évidence. J'ai été ce que l'on appelle en anglais un « early adopter ». Les réseaux sociaux nous ont entraînés dans une spirale, certes pratique, mais très étrange. Ce qui a changé n'est pas le fait que nous communiquions. Mais c'est la façon dont nous le faisons. Nous n'écrivons plus, ou si peu, de lettres. L'idée de rédiger un long texte à destination d'une personne précise a disparu.
L’intention de ce livre n’était pas de jouer les Cassandre, mais de mettre en avant ce que nous risquions de perdre. Je n’ai rien contre les e-mails