On croit voir arriver une ombre, au contour de l'œil aussi charbonneux que le regard. Et quand Hélène Fillières parle de Mafiosa, la série télévisée d'inspiration corse dont elle est l'héroïne, on ne peut que constater la troublante similitude entre l'actrice et son rôle – rôle qu'elle continue d'incarner au civil avec un malin plaisir, dans cet uniforme all dressed in black qui jamais ne la quitte.
Devant un café-crème de bistrot parisien, elle raconte un récent voyage dans le Sud, un tour en librairie ou ailleurs: et souvent, des gros durs qui l'accostent avec respect, «hé, Sandra Paoli!» (le nom de son personnage), et souvent, d'ex-taulards qui lui confient avoir suivi ses aventures alors qu'ils étaient en prison. Elle dit, ravie: «Ce que j'aime, c'est qu'ils respectent la femme, l'autorité que j'ai. Je surkiffe.»
Voilà huit ans que Mafiosa a débuté (en France, l'écriture des séries prend son temps), sur une idée de l'auteur de polars Hugues Pagan. Le pitch était simple et prometteur: comment Sandra Paoli, une jeune avocate propulsée à la tête d'une organisation mafieuse corse, va faire son apprentissage du crime. De l'autorité. De la solitude. Ce qui implique, outre une aptitude prométhéenne à la survie: tuer et ordonner de tuer un nombre incalculable de gens.
A partir de mi-avril, la cinquième et ultime saison de Mafiosa sera diffusée sur Canal Plus. La saison quatre avait des airs crépusculaires. Ce qui paraît surprenant quand