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Eté 14, la fin d’un monde

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La BNF offre un saisissant instantané des ultimes moments de prospérité et d’insouciance avant que l’Europe ne sombre dans la grande boucherie du XXe siècle.
(Photo agence Meurisse.BNF. Département des estampes et de la photographie.)
publié le 6 avril 2014 à 18h06

C'est déjà l'été à la Bibliothèque nationale de France (BNF). Un été confiant, effervescent, en surchauffe, et finalement dramatique. Un été 14. L'Europe est alors en pleine croissance, l'industrie tourne rond, les arbres montent jusqu'au ciel. Paris, capitale mondiale de la culture, est une fête. Mais en quelques semaines, patatras ! Un conflit généralisé, et bientôt des millions de morts, plus encore de blessés, un effondrement économique. Une génération est balayée, les tranchées redessinent les rapports sociaux pour l'après-guerre, tanks et canons bouleversent la carte du monde. La littérature - avec en tête les Thibault, de Roger Martin du Gard - a raconté cette métamorphose. Il n'était donc pas absurde que ce soit la BNF qui s'y colle en présentant une exposition sur «Les derniers jours de l'ancien monde», bel arrêt sur image sur cette saison où tout a basculé.

Étincelle. Le centenaire de la Grande Guerre nous ramène en 1914 comme si c'était hier. Mais cet hier est en fait une autre planète : c'est le premier mérite de cette manifestation que de nous le rappeler. A cette époque, l'Europe encore très rurale ne compte que trois républiques : France, Portugal, Suisse - le reste n'est que têtes couronnées. L'économie est si dynamique qu'il faudra attendre 1973 pour que l'Europe (Russie comprise) retrouve le même PIB. L'armée est partout : il y a en France 880 000 hommes sous les drapeaux en raison de la «loi des trois ans» (de