On ne dispose d’aucun enregistrement sonore des combats de la Grande Guerre. Les appareils étaient alors encombrants et peu pratiques : difficile d’aller graver des rouleaux de cire dans les tranchées ! Tout ce qu’il nous reste de ce conflit mondial, hors images muettes, c’est du silence : la minute de silence en hommage aux morts est une invention (anglaise) de 1919.
Il est pourtant possible d’entendre - un peu - la guerre et, ce, de deux manières. D’abord en se rendant à une exposition intitulée «Entendre la guerre : sons, musique et silence en 14-18», organisée à l’Historial de Péronne, dans la Somme. Ensuite, et surtout, en se plongeant dans la littérature, car les écrivains envoyés en première ligne ont rapporté des témoignages saisissants sur le vacarme surnaturel du front.
Disons-le d'emblée : le son est plus riche dans les livres qu'à Péronne. L'exposition de l'Historial est, en effet, principalement dévolue à la musique et aux chansons de l'époque. Bref, au «contre-bruit» de la guerre, comme le disent joliment les commissaires. Du son des combats ne sont proposées que des reproductions artistiques, comme une pièce électroacoustique de Luc Martinez donnée dans une salle d'écoute immersive, avec murs vibrants.
Qu’entendaient vraiment les poilus dans les tranchées ? Quelle était la nature de ce son littéralement inouï que découvraient les soldats en approchant du front ? Pour les artilleurs, le baptême du feu, c’était les tympans crevés dès le premier jour de tir